1966
/ 68
Antonio
Diaz-Florian et le Theatre de l'Epee de Bois
a Paris 5°.
C'est en 1965 que Claude Berthelot
- auparavant membre de la Communauté Théâtrale
fondée par Raymond Rouleau au Théâtre
Mouffetard - crée le Théâtre de
l'Epée de Bois. Installé avec l'autorisation
de la Ville de Paris, sur un terrain vague au carrefour
des rues Mouffetard, Jean Calvin et de l'Epée
de Bois (5° arrondissement, au coeur du quartier
universitaire), ce théâtre de cent places
réussit, sans mécène et sans subvention, à devenir
un lieu de travail pour les jeunes metteurs en scène
et un théâtre laboratoire pour les jeunes
auteurs. En l'espace de cinq ans, vingt-cinq oeuvres
y sont jouées dont huit créations ;
des formules originales, comme le théâtre
de sept heures ou les nocturnes de minuit, y sont également
expérimentées. Aménagé dans
du préfabriqué, le Théâtre
de l'Epée de Bois est aussi nu qu'un hangar,
dépourvu de perfectionnement technique et se
consacre donc volontairement au théâtre
de recherche : "Non seulement, nous croyons
que l'avenir du théâtre se prépare
dans les petites unités, où les expériences
peuvent se faire à moindre frais, mais nous
pensons surtout que le théâtre doit se
renouveler, se repenser dans une optique qui fasse
table rase" l04.
C'est en 1966 qu'Antonio Díaz-Florián,
alors étudiant105, découvre
le Théâtre de l'Epée de Bois : « Un
tas de gravats devant la baraque du Théâtre
de l'Epée de Bois (...) ; on a jeté là un
sapin au lendemain de Noël. Antonio, qui passe
devant en allant à Censier, a l'idée
de redresser le sapin et de l'entourer de plaques de
gazon qu'il va dénicher ici et là. Il
se constitue son jardin. Voilà qui intrigue
Claude Berthelot, le directeur. On parle, et peu à peu
le jeune homme devient le familier du théâtre,
il s'y sent bien, y bricole, y rend des services». Antonio
Díaz-Florián travaille alors au Théâtre
de l'Epée de Bois comme balayeur, puis comme
régisseur, ce qui lui permet d'observer les
problèmes de fonctionnement de troupes : "C'est à partir
de /’organisation interne d'un groupe
que l'on peut définir une ligne théorique
qui va s'affirmer ou se détruire selon la marche
du groupe". En janvier 1968, il crée
l'Atelier de l'Epée de Bois, groupe de recherches
associé au théâtre qui accueille
alors La Ménagerie de verre de Tennessee
Williams par Philippe Rouleau. Au départ, il
s'agit d'un groupe d'étudiants qui se réunit
dans le but que chacun s'y découvre par le biais
de l'acte théâtral, afin de rendre plus
sensible à un éventuel public ce que
le groupe voudrait signifier sur scène. Durant
le mois de mai 1968, le Théâtre de l'Epée
de Bois, «situé à portée
de grenades lacrymogènes de la Sorbonne",
est bien évidemment gagné par la contestation
: le 21 mai, Pierre Tabart organise des réunions
de comédiens et d'animateurs, qui tentent de
concilier aspirations corporatistes et action publique ;
le 3 juin, six cents professionnels s'y réunissent
pour contester l'appel à la reprise du travail
lancé par le S.F.A. deux jours avant, et exiger
la tenue des états généraux du
spectacle. Le 6 août, au Festival d'Avignon (Champfleury),
les comédiens de l'Epée de Bois donnent
un spectacle composé de sketches pour lancer
un débat sur l'actualité. Mais pour Antonio
Díaz-Florián, ce mois de mai ne constitue
pas une des périodes les plus marquantes de
sa vie : "J'étais trop politisé - à vingt
ans, ancien combattant - pour prendre intérêt à cette
agitation politique qui m'a semblé sincère
sans doute, mais un peu folklorique". L'Atelier
de l'Epée de Bois réalisera son premier
spectacle en novembre 1969.
|