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1985-94
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Mars
1973
L'Atelier
de l'Epee de Bois partage
le batiment de L'Atelier du Chaudron.
Après avoir occupé durant
six mois un des petits baraquements de la Cartoucherie,
l'Atelier de l'Epée de Bois se retrouve à nouveau
sans lieu puisque les services techniques du Parc Floral
procèdent à la destruction de ces bâtiments.
L'Atelier du Chaudron propose alors à l'Atelier
de l'Epée de Bois de partager son bâtiment
et cette forme de cohabitation, qui marque une nouvelle étape
dans l'autogestion de la Cartoucherie par les troupes
qui s'y installent, va durer jusqu'au printemps 1980
: "A l'époque, Ariane avait dit que
c'était complètement idiot et qu'il ne
fallait jamais partager son bâtiment, lorsque
par la suite nous avons eu des conflits, je me suis
rendu compte qu'elle avait raison. (...) Mais il y
avait une partie du bâtiment qui n'était
pas utilisée, donc le partage ne semblait pas
gênant, tandis que tout garder alors qu'ils étaient à la
porte était injuste. C'était la moindre
des choses que de partager ce bâtiment qu'on
ne pouvait de toute façon pas utiliser tout
de suite dans son intégralité » 258. Installé à son
tour de façon officielle à la Cartoucherie,
l'Atelier de l'Epée de Bois s'engage dans les
travaux d'aménagement tout en débutant
les répétitions de son prochain spectacle
et réalise, dans le cadre d'une animation au
Parc Floral, un spectacle intitulé La Conquête qui
est joué trois fois en juin1973.
Les répétitions de la
prochaine création de l'Atelier de l'Epée
de Bois ont débuté dans le baraquement
qu'il occupait auparavant et elle est donc le fruit
d'une longue maturation portant à la fois sur
le jeu du comédien, sur la relation au texte
et sur l'espace scénique. Ce spectacle constitue
donc une nouvelle étape dans le travail de recherche
que le groupe entend poursuivre: "Nous souhaitons
que l’interprète cherche au plus profond
de lui-même une vérité autre que
celle provenant de simples vérités psychologiques.
Gestes, texte et voix doivent être dépouillés
de toute tentation anecdotique pour essayer d'arriver à cette
frontière où la vie personnelle de /'interprète
et la situation vécue sur scène forment
une totalité".
Intitulée Terre, cette
pièce prend pour contexte une sécheresse
s'abattant sur une famille de petits propriétaires
qui en subit alors les conséquences. Ainsi,
le fils part pour la ville où il s'engage dans
l'armée après avoir occupé divers
petits emplois, tandis que le père, épuisé,
se laisse emporter par la colère et se retrouve
en prison. La mère s'installe alors en ville
pour être plus proche de son époux et
leurs terres finissent entre les mains des gros propriétaires
qui en profitent pour étendre leur domaine.
Malgré son incarcération, le père
active une rébellion avec l'appui de sa femme,
mais un jour, la ville lance les forces de répression
contre les paysans en lutte et le père meurt
sous les balles tirées par son fils. Outre 1'âpreté de
son thème, les conditions de production de cette
pièce ne sont pas confortables puisque l'Atelier
de l'Epée de Bois ne reçoit absolument
aucune aide publique cette année-là.
En septembre 1973, il lance donc un appel à souscription
sous la forme d'une prévente de billets pour Terre dont
la création se fait le 9 octobre. Pour ce spectacle,
ouvert par le son obsédant de la chute d'une
goutte d'eau durant de nombreuses minutes, les spectateurs
-dont le nombre est limité à soixante
- sont installés sur un gradin face à un
plateau un peu plus large, surélevé,
construit en pente douce et recouvert par un long tissu.
A l'arrière de cette scène, le mur du
bâtiment est orné d'un rideau fait dans
le même tissu et disposé en éventail.
Les personnages sont vêtus de toges et de bures
brunes, chaussés de cothurnes feutrés
et maquillés de sorte qu'ils semblent masqués.
Le texte est plus volontiers déclamé que
joué, les déplacements des acteurs suivent
un parcours quasi géométrique, tandis
que la lenteur des déplacements est ponctuée
par des scènes de kendo japonais ou par les
interventions d'une flûte. La fable n'est située
dans aucun contexte historique et ne fait donc aucune
référence à la situation du Chili
où le général Pinochet vient tout
juste de se livrer à un coup d'état.
Le thème porte plus volontiers sur la lutte
ancienne entre les gros propriétaires terriens
et les petits paysans dont le combat est présenté comme
une exacerbation de la lutte des classes à la
campagne. La pièce, donnée jusqu'au 8
décembre, connaît un certain succès
bien que la situation matérielle du bâtiment
soit encore très austère: "Armé de
patience, d'une bonne couverture, et d'une chaise pliante,
pour éviter : 1) la crise de nerfs; 2}
la pneumonie; 3) le lumbago, inévitables sans
ces précautions élémentaires.
Il faut aller voir Terre, spectacle rigoureux,
sincère" Mais puisqu'il dispose
enfín d'un lieu de travail, en octobre 1973
l'Atelier de l'Epée de Bois s'engage dans une
active prise de contact avec l'extérieur, en
adressant un courrier commun à d'autres compagnies
et responsables de théâtres : "Nous
tenons à établir un contact étroit,
une discussion ouverte avec tous ceux qui s'intéressent
aux problèmes du théâtre et sa
fonction dans notre société. C'est pour
cela que nous tenons à vous inviter non seulement
au spectacle en cours (Terre), mais aussi
aux répétitions de notre prochain spectacle
et aux entraînements dirigés par Antonio
Díaz-Florián et moi-même. Au cours
de cette visite (que nous souhaitons vivement) nous
pourrions échanger des opinions qui serviront,
nous en sommes certains, à améliorer
notre travail futur". Le 12 janvier 1974,
un enregistrement sonore de Terre est diffusé sur
France Culture dans l'émission "De café en
théâtre".
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